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ZOLA (E.). L'Argent. Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1891, in-12, maroquin rouge, autour des plats encadrement de filets dorés sertissant un listel de maroquin ivoire mosaïqué, dos à nerfs orné de même, doublure de maroquin ivoire, gardes de moire rouge, couverture et dos, tranches dorées (G. Mercier Sr de son père - 1911).

ÉDITION ORIGINALE de l'un des points d'orgue du cycle des Rougon-Macquart.

Les Rougon-Macquart, une histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire.
Chef de file de l'école naturaliste, Emile Zola (1840-1902) eut l'idée de sa grande fresque des Rougon-Macquart en relisant les œuvres de Balzac à la lumière des Nouveaux Essais de critique et d'histoire qu'Hippolyte Taine publia en 1865. À l'auteur de La Comédie humaine, Zola emprunte, outre le principe des personnages réapparaissants, sa vision d'une société inexorablement emportée en une course folle vers le pouvoir, l'argent et la satisfaction vorace de ses appétits. Souhaitant s'écarter des analyses de détail telles que les pratiquent les Goncourt, Zola entreprend la construction d'un vaste édifice aux masses solides qui abordent tous les caractères et toutes les couches de la société, en les dévoilant au travers du prisme psychologique mais aussi quasi physiologique de l'individu.

Un banquier « poète », un ingénieur apôtre de la civilisation... une humanité tâtonnante, sur les chemins du Progrès.
L'ancien journaliste devenu brasseur d'affaires, Aristide Saccard, dont une première ruine (La Curée) n'a pas entamé l'appétit de puissance, revient bien décidé à se refaire promptement une fortune. Il crée une banque pour soutenir les projets industriels et civilisateurs de l'ingénieur Hamelin au Moyen-Orient. L'affaire prospère de manière foudroyante et Saccard, mettant à profit la presse dont il connaît les rouages, en quelques habiles réclames, parvient à séduire les petits épargnants qui lui confient leurs avoirs. Mais sa nouvelle puissance, rapidement en butte aux jalousies, s'effondre sous les coups des concurrents aussi soudainement qu'elle était apparue, entrainant avec elle la ruine des épargnants...
Dans cette œuvre, Zola a voulu mettre en lumière l'opposition essentielle entre l'argent « stagnant » et stable des anciennes fortunes domaniales et celui, insaisissable et fluide, « pénètrant tout et partout » des nouvelles fortunes issues de la finance et de la spéculation. Paru en 1891, l'auteur situe néanmoins l'action de son roman entre 1864 et 1869, et y transpose l'un des scandales financiers qui dans les dernières décennies du XIXe siècle défraya la presse : le crac de l'Union générale, conséquence des rivalités dévastatrices entre les banques Bontoux et Rothschild.
Cependant, si Zola dépeint cette société qui a changé de modèle avec une acuité qui n'épargne aucun de ses travers, son propos n'est pas de la condamner. Bien plutôt, l'indéfectible conviction de l'auteur, incarnée dans le personnage de Mme Caroline, la sœur de l'ingénieur Hamelin, est que la vie - fût-elle abominable - ne saurait être autre chose qu'une force irrémédiablement tournée vers l'avenir, donc vers le Progrès. Progrès dont l'argent est un des moyens les plus dangereux mais aussi les plus puissants, par son mouvement même.

Texte parmi les plus connus de Zola, L'Argent a fait l'objet de nombreuses adaptations à la télévision et au cinéma. La plus remarquable est peut-être celle que réalisa Marcel L'herbier en 1928, avec dans les rôles principaux Brigitte Helm, Jules Berry, Yvette Guilbert et Antonin Artaud.

Un des 30 exemplaires sur japon, complet du catalogue de 14 pp. de la Bibliothèque-Charpentier in-fine (n° 24).

Il est élégamment établi par Georges Mercier (1885-1939), qui succéda à  son père Émile Mercier en 1910, après en avoir été le collaborateur.

Dimensions : 181 x 112 mm.

Provenance : Laurent Meeûs (ex-libris) ; Charles Hayoit (Cat. III, 30 nov. 2001, n° 706), avec son ex-libris.

Carteret, II, p. 487 ; Vicaire, VII, 1214 ; Becker (C.) et alii, Dictionnaire d'Émile Zola, Laffont, 1993, pp. 36-38, 78, 372-373 et 605-606 ; Brown (F.), Zola, une vie, Belfond, 1996, pp. 650-660.

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